Le fils du désert

Le fils du désert

Une amitié tunisienne improbable

Wayne aura-t-il enfin l’explication de ce coup de téléphone reçu de son ami Bill, ce matin d’automne 2012 ?
La pandémie du Covid fait rage, avec son lot de restrictions. Elle s’érige en un implacable révélateur de bien des comportements humains insoupçonnés.
Wayne reprend un à un les points essentiels de cette nouvelle vision des relations humaines et les compare aux étapes successives de l’évolution de l’amitié entre son couple et celui de Bill.
La concordance est troublante. Il se trouve confronté en permanence à deux composantes opposées, mais complémentaires, l’opportunité et la sincérité dénuée de tout calcul.
À la fin de sa réflexion, Wayne aura-t-il la confirmation d’une amitié profonde ou sera-t-il contraint d’admettre qu’il s’est fait berner ?
Un voyage entre les ressentis et une réalité souvent différente…
Que l’amitié est parfois difficile à vivre !

EXTRAIT N°1 :

« Je m’appelle Bill, je viens de mourir en cette nuit de printemps 2021, sur ce simple banc, idéalement situé dans un endroit qui m’a toujours rassuré. Quand je doutais, quand j’étais au fond du gouffre de mon existence, seul le quartier des Champs-Élysées m’apaisait et me permettait de refaire surface, tel le plongeur en manque d’oxygène qui, après une très longue remontée, respire enfin l’air, la tête désormais hors de l’eau. Je suis Parisien, je ne peux pas le nier, Paris est mon oxygène, ce quartier où je me suis ressourcé chaque fois que c’était nécessaire est ma maison.

Ma vie vient de se terminer. Une vie différente de ce j’aurais souhaité qu’elle soit, je vous le concède. Beaucoup s’interrogent à mon sujet. Suis-je celui que je paraissais, fidèle à l’image que j’ai véhiculée, ou bien suis-je l’individu que les autres percevaient ? Me suis-je comporté en homme honnête ou me suis-je comporté en grand opportuniste, naviguant au fil de mes rencontres ? Ai-je respecté mes amitiés comme je l’aurais dû, ou les ai-je bafouées comme un homme sans vergogne, au mépris de toute gratitude ? Certes, j’aurais peut-être aimé durer un peu plus longtemps sur cette Terre, mais quelqu’un en a décidé autrement et a réuni l’ensemble des conditions qui m’ont convaincu d’accepter la sentence. Le théâtre Marigny fut le décor de ma fin de vie, dans une solitude discutable… »

 

EXTRAIT N°2 :

Assis au bord de sa piscine, dans la contemplation désolante de ce « manque de vie », de ce fantôme de spectacle qui brille par le souvenir de son passé récent, Wayne n’en croit pas ses yeux. Cette quiétude absolue imposée, mais consentie, l’inspire et le ramène vers son passé dont il essaie de se remémorer et de comprendre un moment particulier, ce jour où, brutalement, un coup de téléphone a soldé quinze années d’amitié… Cet instant le perturbe toujours aujourd’hui, une dizaine d’années plus tard.

L’arrêt temporaire de la vie ordinaire et habituelle favorise dans son esprit une volonté de réflexion sur le passé. Il espère approcher une perception nouvelle de son vécu. Comprendra-t-il alors pourquoi Bill est parti de la sorte ?

Tout se bouscule dans sa tête, en grande conversation avec Patsy, il revisite un conte fantastique qu’il avait écrit quelques années plus tôt. Baignant dans l’insouciance sans limites d’avant le confinement, Wayne avait imaginé une fiction que personne n’aurait pu penser devenir réalité un jour. Et pourtant…